Poursuivre un parcours professionnel et une carrière duale dans un contexte international n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Les raisons qui vous ont poussé à partir vous installer hors de France sans avoir au préalable un contrat de travail sont variées :
le job de votre conjoint ;
le raz le bol d’un contexte professionnel pesant ;
par amour ;
par goût de l’aventure ;
pour un projet pas encore ficelé ‘mais on part et on verra bien sur place’ ;
etc.
Dans tous les cas, ce départ implique très souvent une rupture plus ou moins longue dans votre parcours professionnel. Le développement de votre carrière est alors mis à risque.
Vers la trentaine, l’idée de partir en famille vivre en Italie m’a enthousiasmée. C’était pour des raisons liées au job de mon mari. J’étais persuadée que ce serait ‘FACILE’ de reprendre le fil de ma carrière là-bas après la naissance de ma fille.
FACILE ?
Pas si simple…
Et je suis loin d’être un cas isolé.
Derrière la magie du départ et de l’idée que l’on se fait des pays d’accueil, l’installation à l’étranger est beaucoup moins aisée qu’on ne le croit. Les chiffres en disent long : 4 missions internationales sur 10 sont jugées comme étant un échec (Source INSEAD). Et selon le Baromètre expat Communication, 50% des conjoints “suiveurs” (à 80% des femmes) pensent que l’expatriation est un frein dans leur parcours professionnel. 33% estiment avoir sacrifié leur carrière. Sans compter que pour 75% d’entre eux, le retour d`expatriation est au moins aussi difficile que le départ.
A moins d’avoir développé une part d’égoïsme !
Car si l’esprit d’équipe est très souvent une grande qualité au travail, pour ce qui est de votre carrière l’égoïsme devient une compétence clé. Personne n’est mieux placé que vous-même pour s’en soucier. D’autant plus si vous êtes sorti du système de l’entreprise : vous n’avez plus un boss ou une RH pour vous soutenir dans vos projets de carrière.
Au fil de mes expériences hors de France, j’ai pu observer que les conjoints “suiveurs” qui performent professionnellement ont cette part d’égoïsme en commun : ils savent se (re)placer au centre de leurs préoccupations. Certes, ces personnes ont les compétences de leurs ambitions, mais elles osent miser sur elles-mêmes. Elles n’hésitent pas à investir un peu (ou beaucoup) d’argent et à dégager une part non-négligeable de leur temps pour développer leurs projets.
Dit comme ça, cela semble évident. Pourtant, cultiver cette part d’égoïsme est loin d’être inné pour beaucoup.
Dans cet article, je décrypte le processus de rupture de carrière. Mieux en comprendre les travers pour vous aider à dépasser vos freins ; vous donner le déclic et l’envie de vous replacer au cœur de vos projets. Je vous propose 8 moyens concrets de passer à l’action pour (re)prendre en main les rênes de votre parcours professionnel.
I – AU DÉBUT VOUS AVEZ DES PROJETS, DES IDÉES (MAIS…)
Flash back.
Avant même d’arriver au Brésil, vous avez probablement ressenti, selon votre caractère, une certaine excitation, ou au contraire du stress et de l’inquiétude. Mais déjà, vous vous projetiez vers ce que votre nouvelle vie pourrait vous permettre de faire :
Profiter de ce virage pour trouver un job plus en adéquation avec vos aspirations.
Saisir l’occasion pour lancer votre business, une start-up ou devenir consultant(e).
Reprendre vos études pour approfondir une expertise ou changer de voie.
Faire un break après la tension accumulée dans votre dernier job. Prendre le temps de prendre vos marques, vous installer et laisser venir les choses.
Prendre cette opportunité pour agrandir la famille ou juste profiter de vos enfants. L’arrivée dans un nouveau pays est souvent une période pendant laquelle ils ont grandement besoin de vous.
Il est possible d’ailleurs que vous ayez eu envie d’un peu tout ça à la fois.
Mais par où commencer ?
« Je vais d’abord installer tout le monde, organiser la vie de famille, et après je m’occuperai de mes projets”. J’ai souvent dit cette phrase. Je l’ai très souvent entendue aussi ! Vouloir organiser le “nid familial” quand on arrive quelque part est naturel et logique. Mais derrière ces mots, il y a souvent un besoin de se justifier sur le fait de ne pas (déjà) travailler. C’est une manière acceptable de planquer le vertige de situation, et de faire taire cette petite voix intérieure qui vous dit “et après, je vais faire quoi ? je vais m’y prendre comment ?”
Dans la majorité des cas, si la raison de votre arrivée dans un nouveau pays n’est pas concrètement liée à votre propre carrière, vos projets sont finalement souvent relégués loin dans votre `to do list`. Pendant une période plus ou moins longue, votre part d’égoïsme est au niveau zéro.
Et même avec une volonté forte de vous centrer sur vos propres projets, il se peut que vous ayez minimisé ce qu’implique ce changement de vie pour la suite de votre carrière.
II – LA RÉALITÉ DU CONTEXTE LOCAL VOUS RATTRAPE
Quel que soit le pays où vous êtes arrivé(e), poursuivre votre parcours professionnel est un challenge.
Si vous n’êtes pas expressément missionné(e) et épaulé(e) par une entreprise, vous devenez un électron libre. Ça peut donner le vertige ou au contraire être très grisant, puisque tout est possible !
Seulement voilà, … vous devez vous positionner pour déployer un nouveau réseau professionnel.
Vous allez devoir travailler dans une autre langue, que vous n’avez pas forcément encore apprise.
Vous ne connaissez pas la culture de ce nouveau pays, à part les clichés qui sont souvent bien loin de la réalité et du quotidien.
Et vous n’avez pas encore une idée affutée des besoins du pays dans votre champ de compétences.
Bref, c’est un peu plus compliqué que ce que vous aviez imaginé…
Et pour compléter ce tableau, ici au Brésil :
- les salaires sont loin des standards européens ;
- les visas de travail peuvent être longs à obtenir ;
- certaines professions ne peuvent être exercées sans qu’il soit nécessaire de passer une équivalence brésilienne impliquant parfois de suivre une formation sur plusieurs années !
- Aussi, les procédures administratives sont très lourdes ;
- et selon la Banque Mondiale, le Brésil est relégué au 124ème rang des pays avec lesquels il est facile de faire des affaires… (seulement 12 pays ont une économie plus fermée que le Brésil !)
Je suis désolée de plomber l’ambiance…
À ce stade, la phase de “lune de miel” de votre expatriation est déjà passée.
Et même si le soleil, la mer et les cocotiers de Rio viennent adoucir votre quotidien, vous commencez peut-être à sentir les méfaits du temps qui passe :
À force de remettre à demain vos projets professionnels.
À force de prioriser les enfants, la famille, la maison, le chien, l’organisation des vacances, la venue des copains, …
À force de réfléchir dans le vague à la formation que vous pourriez bien commencer, un jour peut-être…
À force de ne pas passer à l’action pour VOS projets …
Vous commencez à douter de vos compétences. Et votre confiance en vous a sournoisement diminué.
III – HEUREUSEMENT, IL N’EST JAMAIS TROP TARD pour (re)prendre en main les rênes de votre parcours professionnel.
Même à Rio où le contexte local ne vous simplifie pas la donne, VOUS avez le pouvoir de faire bouger les lignes vers ce qui vous anime.
Vous êtes une pépite !
Derrière chacun de vos profils, il y a une richesse fabuleuse d’expériences de vie et de compétences professionnelles avérées. Vous êtes généralement qualifié(e), voire hautement qualifié(e). Et vous avez bien souvent une faculté d’adaptation un peu hors norme.
Ne gâchez pas ce trésor.
Rentrer dans une dynamique vertueuse, vous (re)placer au cœur de VOS projets et de vos objectifs fera de votre expérience à l’international un atout et une période enrichissante pour la suite de votre parcours.
Oui mais comment ?!
Je suis toujours touchée lorsque je vois une personne s’épanouir de nouveau et parler avec les yeux qui pétillent de son engagement dans un projet qui fait enfin sens pour elle. À chacun(e) ses déclics et son timing, mais mon expérience conjuguée à tous les échanges que j’ai pu avoir avec de nombreux conjoints « suiveurs » m’ont montré qu’il est toujours question de recentrage ET de mise en action. Ces ingrédients agissent comme l’eau et le soleil sur une plante.
Pour vous aider à redéployer vos ailes, je vous partage 8 moyens de passer à l’action :
1 – Ne laissez plus le temps vous filer entre les mains !
Un outil tout simple : créez votre emploi du temps « MA semaine idéale ». Imprimez-le et gardez-le à portée de vue. Cet emploi du temps vous permet d’organiser votre semaine en faisant de la place pour VOS projets. Même si vous commencez par deux 1/2 journées, le fait de décider et visualiser ces créneaux va vous aider à tenir le cap. C’est un bon moyen de vous mettre dans une dynamique positive, revoir vos priorités et optimiser votre temps. Faites évoluer votre « semaine idéale » au fur et à mesure de l’avancée de vos projets.
Vous pouvez aussi booker une session spéciale “anti procrastination” avec Anne Sabatier, consultante certifiée en transition professionnelle. C’est concret et efficace.
2 – Foncez prendre des cours de Portugais !
Car sauf exception, c’est LA langue pour travailler ici au Brésil. Apprendre les bases vous aidera dans votre quotidien. Progresser encore vous facilitera les choses pour vous sentir capable de travailler en portugais :
- Notre partenaire Idiomas propose des formules adaptées à vos besoins.
- Dans cet article Rio Pro Eva Strandberg vous donne ses astuces.
- A travers la page Facebook Aussitot Rio vous pouvez aussi détecter des recommandations vers tel ou tel professeur de Portugais.
3 – Envisagez d’être accompagné par un coach
Vous sentez le besoin d’être accompagné(e) dans votre phase de recherche d’emploi ? Vous hésitez à poursuivre dans votre voie ou à changer d’orientation professionnelle ? Rester salarié ou vous mettre à votre compte ?
Être épaulé par un coach permet d’avancer sur vos questionnements, de reprendre confiance, de gagner du temps, de booster votre dynamique et de vous mettre dans l’action en conscience vers les bons objectifs.
Voici une liste exhaustive de coachs professionnels. Toutes sont au Brésil (Rio de Janeiro et Sao Paulo) et ont une expérience de l’international :
- Astrid Louvet : Coach certifiée, spécialiste de la mobilité professionnelle et de la mobilité internationale. Associée au sein du cabinet coopératif de coaching solidaire AccSol et membre de l`AFPAO
- Béatrice Mayence : Exécutive coach dédiée aux profils dirigeants, directeurs et entrepreneurs internationaux avec une approche business basée sur 20 ans d’expérience en entreprise (exerce en français, anglais et portugais).
- Dana Lefeuvre : Maître coach et mentor (ICF – MCC), spécialiste des transitions de carrières. Dana a vécu 9 transitions internationales et travaillé dans chaque (exerce en français et anglais).
- Victoire Camphuis : Coach professionnelle certifiée (RNCP), Coaching individuel. Victoire reconnaît vos aspirations profondes et valorise vos talents pour atteindre vos objectifs professionnels et personnels (exerce en français).
- Wanda Quadra : Psychologue organisationnelle, certifiée en coaching personnel, professionnel et santé & bien-être. Vaste expérience en gestion RH. Spécialiste du développement de compétences socio-émotionnelles. (exerce en portugais).
En complément, vous pouvez suivre une conférence de l’interculturaliste Mariana Barros pour bien comprendre la mentalité brésilienne. Un incontournable pour lever des blocages dans votre communication avec des brésilien(ne)s, notamment en phase de recherche de job, de prospection ou de projet d’équipe multiculturelle.
4 – Soyez stratège
Les niveaux de salaires au Brésil sont souvent très en dessous des standards européens. Pourtant, vous sentez que décrocher CE job est primordial pour vous. Ce sera une expérience tremplin pour la suite de votre parcours professionnel. Ou encore cela vous aidera à affûter votre niveau de portugais. Alors foncez !
Vous pouvez aussi envisager de vous engager pour une association qui vous fait envie. Mener une mission de bénévolat permet de rester (ou de se remettre) dans l’action, de mettre à profit vos compétences professionnelles ou d’en développer de nouvelles. Et de valoriser votre CV pour une prochaine étape.
5 – Et si vous repreniez vos études ?
Présentiel ou distanciel ? Pour approfondir votre expertise ou pour commencer un nouveau métier ? Le champ des possibles est très vaste ! Impossible de dresser le catalogue de tout ce qui s’offre à vous ! Mais je vous partage ici quelques formations que des membres de Rio Pro – Rio Accueil ont effectué à Rio de Janeiro :
- un MBA à la PUC, pour monter en compétences business et management ;
- IED Interiro Design program, pour devenir décorateur d’intérieur
- CIETH – pour obtenir un Diplome de guide touristique
- Le Wagon, pour devenir programmeur ou data analyste.
Vous pouvez aussi aller jeter un œil sur les sites internet des grandes universités et écoles internationalement : Harvard, MIT, Cambridge, Oxford, INSEAD, Sorbonne, HEC, etc. Au-delà de leurs formations continues diplômantes (MBA, Masters, PhD), toutes proposent des programmes on line de certification. Des modules courts (quelques semaines seulement) pour vous spécialiser et multiplier vos compétences. Un bon moyen aussi d’élargir votre réseau tout en complétant efficacement votre CV.
6 – Pensez au Visa “Nomade Digital”
Depuis janvier 2022, le Brésil a ouvert un nouveau type de Visa dédié aux profils “Nomades Digital”. Ce Visa est fait pour vous si : vous êtes non-bresilien(ne) ; vous êtes équipé(e) pour travailler en distanciel pour le compte d’un employeur étranger non implanté au Brésil. Il vous permet de résider et travailler au Brésil. Avec un salaire très probablement en adéquation avec les grilles de salaire du pays de votre entreprise.
Si vous n’êtes pas encore installé(e) au Brésil, faites votre demande de visa “Nomade Digital” à l’Ambassade ou Consulat brésilien de votre pays de résidence. Par exemple, l’Ambassade du Brésil à Paris.
Si vous êtes déjà au Brésil, vous effectuez votre demande directement au Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique
7 – Entrepreneurs : vous n’êtes pas seuls !
Faire décoller un business ou franchir la prochaine étape de développement qu’on s’est fixée quand on démarre seul(e) demande une palette de compétences très large : stratégie, developpement commercial, communication, marketing, comptabilité, questions administratives et juridiques (qui sont TRES chronophages au Brésil), etc. Mais QUI a toutes ces cordes à son arc et le temps nécessaire pour TOUT mener de front ?!!
Les tâches qui vous prennent beaucoup de temps sans vous apporter ni argent ni satisfaction, mais qui restent pourtant importantes et incontournables pour le bon fonctionnement de votre entreprise, méritent attention. Vous pouvez certainement prendre sur vous et continuer à en assumer une partie pendant une période. Mais vous constaterez les limites de l’exercice sur la durée. Dans un objectif de développement de business, prévoir un budget pour déléguer certaines tâches permet de vous libérer du temps et du stress pour vous consacrer plus efficacement sur votre valeur ajoutée. Vous pouvez aussi envisager de vous associer avec une personne qui a justement des compétences complémentaires aux vôtres.
Membres de Rio Pro – Rio Accueil, n’hésitez pas à solliciter l’équipe Rio Pro qui favorise, dans la mesure du possible, les mises en contact avec son réseau et ses partenaires.
8 – Parlez-nous de vous !
Quels que soient vos envies ou vos freins, ne restez pas dans votre coin ! Voici quelques moyens de croiser des personnes intéressantes pour ouvrir votre réseau, discuter de vos projets et faire évoluer vos idées :
Tous les mardis matin de 10h à 12h, rejoignez les Matinales de Rio Pro. C’est exactement fait pour ça !
Plus largement, le programme Rio Pro permet d’activer votre réseau dans un contexte convivial et francophone : conférences, workshop, afterworks.
Vous pouvez également identifier les grands rendez-vous professionnels du secteur d’activité qui vous intéresse : événements, salons, conférences.
Je vous recommande aussi de participer à un groupe de Co-développement. Ce processus d’intelligence collective est ultra efficace pour passer à l’action. À Rio, Anne Barraud (BE COM) propose 1 à 2 groupes par an. Go!
Vous remarquez ? Rien de révolutionnaire dans ces 8 propositions, mais UN point commun : ce sont des moyens simples et logiques de vous mettre en action. Ils vous demandent en premier lieu de vous réserver du temps ; et parfois (souvent) un budget.
Alors, dès aujourd’hui, je vous invite à réfléchir au temps et à l’argent que vous êtes prêt(e) à miser sur vous-même.
Il est fort à parier que vous en retirerez tôt ou tard un retour sur investissement.
À vous de faire briller la pépite qui est en vous!
Laure Dumas – Rio de Janeiro – Mars 2023
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